J'ai demandé à mes élèves d'écrire une histoire où ils devraient passer au tordeur des classiques de contes pour enfants. Un peu comme dans ce livre.
Voici donc l'exemple que j'ai écrit pour leur prouver que c'est faisable, même pour des sixièmes année!
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Il était une fois, sur une piste cyclable dans une petite ville que ses habitants surnommaient affectueusement St-Glin-Glin-des-Meuh-Meuh, une petite fille qui roulait sur son vélo rose, les cheveux aux vents, libérés de son capuchon rouge. Elle avait dans son petit panier, accroché sur son guidon, une petite commission pour sa grand-mère. Sa maman avait soigneusement emballé le tout et lui avait interdit de l’ouvrir : “ C’est pour Mère-Grand, pas pour toi, petite curieuse!” lui avait dit sa maman, sur un ton qui ne souffrait aucune question.
Parce que toute personne qui connaissait notre petit chaperon rouge savait à quel point elle était curieuse. Et tout le monde sait à quel point la curiosité est un bien vilain défaut.
Voilà donc notre petite fille, roulant gaiement sur la piste, les cheveux au vent, le regard sans cesse attiré par ce mystérieux petit paquet dans son panier. Son regard était tant attiré par son panier qu’elle en oublia de garder les yeux sur la piste devant elle. Ce qui devait arriver arriva : elle chuta.
Un monsieur qui passait par là, s’arrêta pour lui offrir son aide. Il avait des longs cheveux gris tout mêlés dans sa toute aussi longue barbe grise. On aurait dit le Père-Noël après un passage dans une cheminée particulièrement sale. Son allure revêche ne lui enlevait pourtant pas une allure de gentil monsieur : ce devait être à cause de son petit nez en trompette et de ses petits yeux moqueurs.
Le vieux monsieur la regarda et lui demanda alors ce que contenait son petit paquet qui trainait maintenant sur la chaussée.
“Tu devrais l’ouvrir, tu sais, petite. Peut-être que ce qu’il y a là est brisé. Peut-être que ce cadeau n’en est plus un.”
“ J’ai promis à maman de ne pas regarder, dit-elle, les yeux tout de même dévorés par la curiosité.”
“Allez, personne d’autre que toi et moi ne le sauront. Je t’aiderai à le refermer pour que rien n’y paraisse. Allez, ouvre le paquet.”
La petite fille n’en pouvant plus et se sentant satisfaite par les arguments du vieux monsieur, ouvrit le paquet.
Une fée en sortit... Une fée horrible, avec de longues ailes noires et piquantes, avec des petits yeux jaunes et des ongles semblables à des griffes. Sa robe était d’un rose criard et en lambeaux. Rien de très encourageant pour un cadeau pour Mère-Grand.
“ Tu as désobéi petite curieuse, dit la fée d’une voix geignarde. Tu seras donc punie.”
Et au même moment, le vieux monsieur se transforma en sa mère qui pleurait.
“ Tu as reçu un sort à ta naissance. La fée que voici t’a jetté un sort à ta naissance. Et si tu ne réussissais pas à ne pas te laisser aller à ta curiosité sur un défi qu’elle te lancerait pour tes 8 ans, qui sont demain, tu lui appartiendrais pour toujours. Pourquoi n’as-tu pas résisté?”
Alors la fée à la robe vraiment laide la tira par l’oreille et l’obligea à la suivre. Notre petite fille se demandait bien comment elle pourrait s’en sortir. La fée sembla lire dans ses pensées et lui dit: “ Tu seras avec moi pour toujours, petite curieuse!”
Pendant des années, la petite fille fut prisonnière de la méchante fée aux goûts douteux en matière de robes. La fée la fit travailler sans relâche pendant des années, l’obligeant même à faire la vaisselle et laver les planchers. Chaque nuit, elle faisait dormir la petite fille dans une pièce si froide que la petite fille, pour se réchauffer, s’endormait dans l’âtre. Au matin, à son réveil, elle était pleine de cendres et les gens du village commencèrent à l’appeler Cendrillon lorsqu’elle y descendait acheter les victuailles nécessaires pour son repas.
Lors d’une nuit particulièrement froide, la petite Cendrillon n’en pouvant plus, se mit à pleurer et à regretter d’avoir été si curieuse. C’est alors que sa chambre se remplit de lumière et qu’une fée, avec de bien meilleurs goûts en matière de robes, apparut. Elle ressemblait beaucoup à sa Mère-Grand.
“Ma petite Cendrillon, je suis venue te dire que ton calvaire achève. Bientôt, tu auras l’occasion de retrouver ta liberté. Pour cela, tu dois réussir un défi impossible pour toi. Y échouer, tu demeureras pour toujours la prisonnière de la méchante fée. Réussir te libèrera. Et je peux te dire que la fée a de drôles de projets pour toi... Que choisis-tu?”
“Mais quel est le défi? demanda notre petite Cendrillon”
“Je n’ai pas le droit de te le dire. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il est extrêmement difficile.”
“J’accepte.”
“ Alors tu devras demeurer silencieuse pendant 6 mois, 6 jours, 6 heures et 6 minutes, durant lesquelles tu devras confectionner autant de petits chandails que la méchante fée a de prisonniers. Avant que le temps ne se soit écoulé, tu devras leur faire porter tous en même temps le chandail que tu leur auras fabriqué. Si tu réussis, tu seras libre, ainsi que les 7 prisonniers de la fée.”
Cendrillon acquiesça sans parler. Elle était prête.
Pendant 6 mois et 6 jours, elle ne parla point. Toute la journée, elle faisait les corvées que la fée lui ordonnait et le soir elle tricottait les chandails jusqu’à ce que ses doigts lui fassent trop mal et que ses yeux se ferment tout seuls. Le tout dans le secret le plus total et surtout, en silence.
La fée aux robes affreuses ne se plaignit jamais de ce silence. Elle était enfin heureuse que la petite fille ne lui pose plus de questions et ne se lamente plus de son triste sort. Mais les autres prisonniers n’en pouvaient plus de son silence et la questionnaient sans arrêt, ce qui ne fut pas facile. Ces derniers adoraient quand elle leur racontait des histoires et ils la pressaient de leur en dire de nouvelles.
Heureusement, la dernière journée était enfin arrivée. La jeune fille fit venir près d’elle tous les prisonniers de la fée et leur offrit les chandails. Les autres enfants étaient tous très heureux de ce cadeau, surtout qu’ils avaient toujours froid la nuit. Tous mirent leur chandail. Cendrillon leur expliqua alors tout et attendit que la bonne fée revienne.
Lorsque la bonne fée se présenta, Cendrillon alla la voir et lui demanda si elle était libre. La bonne fée lui dit que oui. Que le château lui appartenait maintenant. Qu’en ayant battu ainsi la méchante fée, qu’elle avait hérité de ses pouvoirs et était maintenant elle aussi une fée.
Notre petite Cendrillon devint alors la Fée de l’Est et porta de belles chaussures qui faisait voyager partout lorsqu’on en claquait les talons. Ce que c’est bon la vie de fée!
Fin!
18/09/2009
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